Le dormeur de plage

C’est un site sableux où s’écrasent des vagues
Scintillant follement au rythme de l’écume
D’argent, où le soleil, de l’horizon sans brume,
Luit : c’est une plage qui bouillonne et divague.

Un enfant jeune, yeux fermés, tête nue,
Et le dos offert au vent venu de chez lui,
Dort; il est étendu sur le sable, sous la nue,
Pâle dans son lit d’or, d’où la lumière luit.

Allongé sur le sol, il dort. Affalé comme
S’affalerait un vacancier, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Le soleil radieux ne brunit plus sa peau ;
Il dort sous le vent, la main plongée dans l’eau
Tranquille. La vague engloutit son côté droit.

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« Le dormeur de plage » de Laurent QUIQUEREZ d’après Arthur Rimbaud est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons CC-BY-NC-SA. En savoir plus sur les droits et les devoirs.

À Aylan.

2015 – Villeurbanne, France

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LE DORMEUR DU VAL

C’est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

7 octobre 1870.
Arthur Rimbaud
Poésies complètes, avec préface de Paul Verlaine et notes de l’éditeur
L. Vanier, 1895 (p. 84).
Public Domain
L’original est disponible à WikiSource.

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