Archives par mot-clé : monde

Pas d’bière, pas d’travail

No Beer, No Work

The shades of night was fallin’ slow
As through New York a guy did go
And nail on ev’ry barroom door
A card that this here motter bore:
“No beer, no work.”

His brow was sad, his mouth was dry;
It was the first day of July,
And where, all parched and scorched it hung,
These words was stenciled on his tongue:
“No beer, no work.”

“Oh, stay,” the maiden said, “and sup
This malted milk from this here cup.”
A shudder passed through that there guy,
But with a moan he made reply:
“No beer, no work.”

At break of day, as through the town
The milkman put milk bottles down,
Onto one stoop a sort of snore
Was heard, and then was heard no more,
“No beer, no work.”

The poor old guy plumb dead was found
And planted in the buryin’ ground,
Still graspin’ in his hand of ice
Them placards with this sad device:
“No beer, no work.”

Ellis Parker Butler
No Beer, No Work
Public Domain
L’original est disponible ici .

Pas d’bière, pas d’travail

Les ombres doucement étirées
dans New York, un type hagard
grattait à chaque porte de bar ;
Un affichage l’a contrarié :
« Pas de bière, pas de travail ».

La mine triste, et la bouche sèche ,
en ce premier jour de juillet,
sur ses muqueuses chargées
et rêches,
ces mots à sa langue pendaient :
« Pas de bière, pas de travail ».

« Reste avec moi », dit la fille, « et bois
une tasse de lait doux et brûlant ».
Un frisson parcourut le gars ;
mais il répondit en grognant :
« Pas de bière, pas de travail ».

En ville, au tout petit matin,
facteur et laitier s’enchaînant,
sur un perron, un ronflement
fut entendu, puis s’est éteint,
« Pas de bière, pas de travail ».

Le pauvre vieux retrouvé mort
fut inhumé non sans ambages,
car sa main gelée serrait fort
ces panneaux au triste présage :
« Pas de bière, pas de travail ».

Licence Creative Commons
« Pas d’bière, pas d’travail » de Laurent QUIQUEREZ d’après Ellis Parker Butler est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons CC-BY-NC-SA. En savoir plus sur les (nombreux) droits et les (quelques) devoirs.

2019 – Villeurbanne, France

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Diogenes by jaci XIII via Flickr CC BY-NC-SA
Creative Commons CC-BY-NC-SA
« Diogenes » by jaci XIII via Flickr d’après Jean-Léon Gérôme: Diogenes via Wikimedia

Chants de la Toundra – poèmes eskimos

(Notes de Lecture)

Chants de la Toundra, Pierre Léon, Ed. Naaman/La DécouverteIl est des cultures où chacun et chacune a SON poème, comme c’est le cas chez les eskimos.

Ce n’est pas forcément un beau poème, pas forcément un long poème, par forcément un poème écrit par soi-même, mais un poème écrit pour soi.

Recueillis et traduits en français par Pierre Léon, voila un ouvrage qui contient tous les aspects de la rude vie de nomade des étendues blanches.
La faim tenaille, les enfants meurent, le gibier se fait rare, la vieillesse point, l’amour agit, la folie mord, les bébé naissent, le prédateur rôde…

D’une variété folle, anciens ou modernes, beaucoup de ces textes sont très touchants.

Extrait :

Chant d’oiseau

Tu es ce chant d’oiseau
Dans le silence des roseaux
Ta voix illumine les eaux
Ta voix se fait ruisseau
Tous les roseaux se font oiseaux
Toutes les eaux sont des oiseaux

         Je suis prisonnier des eaux

le prisonnier des roseaux

prisonnier d’un chant d’oiseau

© ??? – Trad. Pierre Léon – , Chants de la Toundra, Ed. Naaman/La Découverte

Ouvrage à commander:
  • D’occasion…

La poésie sur les murs d’Alep comme dernier au revoir

Texte sur un mur d'Alep Est, en 2016

by-nc-sa.eu by is under via

« Aime-moi loin du pays des représailles et de la répression. Loin de notre ville saturée de morts ». (vers du poète Nizar Kabbani) photo et traduction DR

Dans Alep Est dévastée de cet hiver 2016, les civils fuient la folie des hommes, loyalistes ou rebelles.

Seuls quelques mots sur les murs.
Traces d’une grande culture qui saura renaître des cendres.

Cet article est le numéro 6 de 6 articles dans la serie Alentours poétiques

Le Zournal de poézie qui DéZopile

DéZoplilant Numéro 23 – Cut-Up Philo.

J’extrais, je coupe, je réorganise.

Nous sommes esprit et biologie, nous sommes uns et multiples, je ne suis pas seulement moi. Accueillons la réalité de notre altérité.

Typoésie "Je, des Soi", extrait de DéZopilant n°23

© Typoésie de Phrère Foudre d’après
le texte « Je, des Soi » de LaurentQuiquerez.fr mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons CC BY-SA 4.0

Bientôt disponible pour un grand achat là.

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Je, des Soi

« Je est un Autre »

Bactéries, champignons et autres micro-organismes que mon corps humain contient ;
dans mon tube digestif : plus lourd que mon cerveau !
Organe à part entière,
varie selon les individus,
fluctue dans le temps.

Naturellement sur ma peau ou dans mon tube digestif,
tâches utiles, voire essentielles à ma survie d’hôte.
«Communauté écologique complexe, activité métabolique collective et interactions avec l’hôte » qui « influe sur la physiologie normale et la susceptibilité à la maladie».
Communauté symbiote.

« Je, sommes d’Autres »

Le microbiote humain très varié ;
flore normale, essentielle pour la santé humaine,
et pathogènes opportunistes, constituent également une menace significative causant maladies ou obésité.

Chaque individu porte un microbiote différent,
dans chaque grande région du monde, les micro-organismes diffèrent aussi.
Entre 500 et 100 000 espèces de bactéries différentes vivant dans le corps humain.
Au moins dix fois plus de bactéries que de cellules humaines dans mon corps.

« On a souvent besoin de plus petit que soi »

La plupart des microbes intestinaux sont soit inoffensifs, soit bénéfiques pour l’hôte.
Me protège contre les enteropathogènes , extrait des nutriments et de l’énergie, et contribue à l’immunitaire.
Anaérobies, environnement dépourvu d’oxygène.
Capables de décomposer les sucres que moi, être humain, ne pourrais pas digérer autrement.
Synthétisent des vitamines, produisent des antigènes.
contacts répétés avec une grande diversité d’antigènes bactériens

CC-BY-SA« Je, des Soi » de LaurentQuiquerez.fr  est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons CC-BY-SA 4.0

2016 – Villeurbanne, France
Composition d’après la règle du Cut Up (« Coupe haut » ou « élagage »)Philo

proposé par atelier Dezopilant & Ingens :

  • Vous prenez un texte, celui que vous voulez.
  • Vous coupez au hasard – cut-, puis vous décollez/enlevez – up-.  Le texte est élagué.
  • Si vous voulez aménager un peu, c’est à votre guise.
  • Fin.

Risening II
CC-BY-SA« Risening II » by Travis Miller via Flickr

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Le dormeur de plage

Le dormeur de plage

C’est un site sableux où s’écrasent des vagues
Scintillant follement au rythme de l’écume
D’argent, où le soleil, de l’horizon sans brume,
Luit : c’est une plage qui bouillonne et divague.

Un enfant jeune, yeux fermés, tête nue,
Et le dos offert au vent venu de chez lui,
Dort; il est étendu sur le sable, sous la nue,
Pâle dans son lit d’or, d’où la lumière luit.

Allongé sur le sol, il dort. Affalé comme
S’affalerait un vacancier, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Le soleil radieux ne brunit plus sa peau ;
Il dort sous le vent, la main plongée dans l’eau
Tranquille. La vague engloutit son côté droit.

Licence Creative Commons
« Le dormeur de plage » de Laurent QUIQUEREZ d’après Arthur Rimbaud est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons CC-BY-NC-SA. En savoir plus sur les droits et les devoirs.

À Aylan.

2015 – Villeurbanne, France

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LE DORMEUR DU VAL

C’est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

7 octobre 1870.
Arthur Rimbaud
Poésies complètes, avec préface de Paul Verlaine et notes de l’éditeur
L. Vanier, 1895 (p. 84).
Public Domain
L’original est disponible à WikiSource.

Fichier texte éditable : LeDormeurDePlage_v1_txt.odt
Fichier PDF : LeDormeurDePlage_v1.pdf

En corps jeunes

(et esprits fins)

À force d’affûter
vos corps comme des armes,
vous émoussez là l’âme
et vous le regretterez.

À force de maquiller
vos visages graciles
sous crèmes, vous en froissez
la poésie fragile.

À s’détendre l’esprit
mou-molle devant la télé,
en fait on se raidit
la tête, et le corps sait.

À force de vouloir plaire
à tous, à tous les coups,
on devient ordinaire
sans saveur et sans goût.

 

Paraître est une impasse
et posséder aussi,
les beautés qui ne passent
sont celles que l’on vit.

 

La vie est dans le don,
l’amour et le partage ;
la variété du monde,
et tester des passages.

Embrassez tous les rêves
sur les lèvres des fous :
même les plus vagues élèvent
laissés montés en vous.

Soyez curieux-ses et vifs-ves
et les sens à l’affût,
gardez l’âme lascive/l’esprit lascif
délaissez les torts dus.

Faites sauter les carcans,
négligez le vieux monde :
vous êtes les enfants
de la joyeuse fronde.

 

Faites sauter les carcans,
mais faites-le sans rage,
pour bâtir, les enfants,
un monde de partage !

« En corps jeunes » de Laurent QUIQUEREZ est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons CC-BY-NC-SA 4.0. En savoir plus sur les (nombreux) droits et les (quelques) devoirs.

2013-2015 Villeurbanne, France

hello tomorrow by massimo ankor via Flickr CC-BY-NC
CC-BY-NC
« hello tomorrow » by massimo ankor via Flickr

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