Max de Carvalho – La poésie du Football brésilien

(Notes de lecture)

La poésie du Football Brésilien - Couverture(Épinicie pour le pays des palmeraies)

Quand la compétition sportive fait atteindre des sommets d’absurdité,
quand elle dévoie les corps par le dopage,
quand la volonté de gagner écrase tout,
Que reste-t-il?

Il reste des poèmes d’une grande variété, en styles et en inspirations ; d’auteurs provenant d’écoles et de mouvements différents.

Il reste les héros populaires d’un sport populaire,
il reste des amourettes graduelles en gradins,
il reste la célébration des corps habiles,
il reste le palpitant de la vie de misère dont on s’extrait.

Extrait (justement) de cet compilation thématique en édition bilingue :

Éloge du jeu violent

Ah, ça ne rate jamais, avec l’arrière brutal !
Jouant du coude, des poings, il tacle par derrière…
Heureux le chroniqueur qui peignit l’animal :
« Ça dérouille et ça latte comme blattes sous la pierre »

Qu’un habile attaquant se démarque et vadrouille,
S’il se laisse déborder et que l’autre s’échappe,
Laissant là le jeu propre aussitôt il savate…
Qui, face à lui, dès lors, ne serait vert de trouille ?

L’avant-centre est au sol ? Il y va de bon cœur !
Essuyant ses crampons sur le nez du joueur,
Et tandis qu’il s’en donne, son équipe bétonne…

Le tableau d’affichage indique zéro-zéro,
Or, comme l’arbitrage n’est pas sévère du tout,
Le gros arrière central lève la semelle bien haut.

© Glauco Mattoso

Ouvrage à commander:
  • Chez l’éditeur : Editions Chandeigne
  • en livraison dans votre librairie : lalibrairie.com

Univers cité

Je descends hagard
à gare de Nante-
-rre, univers si té-
-nu que ces trois barres.
En tête de rame,
je prends le chemin,
passe sous les trains
qui vont à Paname.

Les tours de la gar-
-de républicaine,
que des capitaines
tiennent à l’écart,
vivent un peu à part
mais en bonne entente :
elles n’ont de ces barres
qu’une vue distante.

J’en hais l’architecte,
surtout archi-con,
et je le suspecte
de chier du béton :
des pièces trop comme une
cellule sans barreau,
on y aimerait la lune,
on a le caniveau.

On entend le voisin
son chien et sa femme,
quand son amant vient
elle gueule comme un âne.
En plus on profite
du son de la télé
de l’odeur des frites
des cris du bébé.

Il n’y a pas ici
que des enfants de chœur
mais certaines familles
n’ont que des chômeurs.
Quand les estomacs
crient plus fort que les fesses
on a bien le droit
de monter un bizzness.

Les mémères du coin
s’embêtent un petit peu
et leur baratin
apporte un petit mieux.
La barre a chez les m-
-émères en question
une réputation
que partout elles sèment.

C’est dans une barre
bordée de bancs, lieu
de vie de bagarres
et nid d’amoureux,
que loge la fée
qui hante mes nuits ;
tout ce qu’elle en fait
tient du paradis.

Et je me fous bien
des réputations
tous les jours j’y viens
sans appréhension.
Car elle se fait belle
et, sans prétention,
elle m’ensorcelle,
cette reine, ovation !

« Univers cité » de Laurent QUIQUEREZ est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons CC-BY-NC-SA 4.0. En savoir plus sur les (nombreux) droits et les (quelques) devoirs.

1994-2001 – Nanterre-Courbevoie, France

Le bidonville de Nanterre by Gongashan via Flickr CC-BY-NC-ND
CC-BY-NC-ND
« Le bidonville de Nanterre » by Gongashan via Flickr

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Je pars en Live : Scène ouverte 2014 Rize Villeurbanne

Cet article est le numéro 3 de 4 articles dans la serie Live

Scène ouverte : Soirée de clôture

 

Scène ouverte : Soirée de clôture

L’Amphithéâtre du Rize
jeudi 18 décembre – 19h-21h

23-25 rue Valentin-Haüy
69100 Villeurbanne

Bus C3 | arrêt Blanqui-Centre mémoires & société
Bus 38 | arrêt Blanqui-Centre mémoires & société
Bus 11 | arrêt Arago
Bus 198 | arrêt Grandclément
Tram T3 | arrêt Reconnaissance Balzac
Vélo’v | « Mémoires & société » rue Valentin-Haüy

Comme décrit sur le site du Rize :

« Pour marquer la clôture du temps fort Utopies réalisées – Parole aux habitants tourné vers le quartier des Gratte-Ciel, le Rize ouvre sa scène aux talents de ce quartier. Cette « scène ouverte » offre la possibilité aux artistes et groupes locaux de s’exprimer sur scène, de se rencontrer et de faire connaissance avec leur public et vice-versa.

Venez découvrir les talents de vos voisins dans un spectacle où l’éclectisme sera de mise, dans une soirée festive et conviviale.

Au programme : Laurent Quiquerez (Poésie), La clé des chants (Chansons), Brigitte (Chansons), MJ Johnny (Reprises de Johnny Halliday) et The Strombolis (Rock 60s & 70s)

Villeurbanne, mon amour…
Les comédiens de la compagnie Anda Jaleo participeront à cette soirée, en présentant la première étape de leur résidence avec une lecture mise en scène des premiers témoignages récoltés à Villeurbanne autour de « l’amour béton »… »

Au menu

Tout d’abord, la première partie de « Mamie Gratte-Ciel » en forme de Bande Annonce, où l’érection des Gratte-Ciel – il y a 80 ans – est suivie d’une naissance 9 mois plus tard.  Accompagné d’un diaporama, la lecture a accompagné cette enfant, y compris dans le plus tragique de la période, jusqu’à ce qu’elle fonde elle-même une famille.
Projet en cours… dans quelques mois, vous trouverez ce texte sur ce site – entre autres -.

En deuxième partie, 2 textes déjà publiés, lus avec support visuel :

  • « Les ombres humaines » devant une façade très animée,
  • « Adroite à gauche » devant une pluie d’allégories et d’indications pour bien situer votre gauche (si vous aviez des problèmes de latéralisation…).

Dès que j’aurai une solution technique satisfaisante, ces Alentours poétiques trouveront une place sur ce site.

Merci à tous pour cette soirée de haute tenue, et spécialement aux équipes techniques et artistiques.

Trois beaux brins de filles – Intro/4

Cet article est le numéro 1 de 5 articles dans la serie Trois beaux brins de filles

Une vieille femme douce et sage
se sentant défaillir,
ses 3 filles fit venir
et leur dit ce présage :

« 3 brins d’herbe en mes mains,
vous devez faire au mieux,
prenez-en plus grand soin :
cette herbe est votre dieu. »

(…)

« Trois beaux brins de filles » de Laurent QUIQUEREZ est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons CC-BY-NC-SA 4.0. En savoir plus sur les (nombreux) droits et les (quelques) devoirs.

2014 – Villeurbanne, France

Trois beaux brins de filles – 1/4

Cet article est le numéro 2 de 5 articles dans la serie Trois beaux brins de filles

(…)

-1-

C’est au dernier soupir
de sa mère que l’aînée
prit soin de recueillir
les brins mis à sécher.
Dans un immense chagrin
elle trouva réconfort
dans l’herbier et ses brins
au delà de la mort.

A la fin de son deuil
elle accueillit des gueux,
eux-même pris dans l’écueil,
qu’elle aida de son mieux ;
à l’aide de l’herbier,
les sortit du pétrin,
fit d’eux des obligés
du culte des saints brins.

« Aînée, je suis la fille
détentrice des brins,
autour de ma tête brille
l’auréole des saints.
Cet herbier en mes mains
vous impose d’être pieux :
vous ne pouvez faire moins
que d’en faire votre dieu. »

Il apparut bien vite
des dissensions tragiques :
cathodoxes, ortholiques,
siites et chunites,
sépharaz, ashkenades
se battent, luttent, et se trame
un contrôle rétrograde
des corps et de leurs âmes.

(…)

« Trois beaux brins de filles » de Laurent QUIQUEREZ est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons CC-BY-NC-SA 4.0. En savoir plus sur les (nombreux) droits et les (quelques) devoirs.

2014 – Villeurbanne, France

Trois beaux brins de filles – 2/4

Cet article est le numéro 3 de 5 articles dans la serie Trois beaux brins de filles

(…)

-2-

La cadette des filles
avait, elle, ramassé
3 grains de ces brindilles
qu’elle se plut à planter.
Dans les jeunes pousses elle vit
sa mère ressusciter
et mûrir les épis
de grains à resemer.

Quelques saisons passèrent ;
elle prit la tête, enfin,
d’une florissante affaire
de production de grains.
Elle faisait du commerce
avec le monde immense,
améliorant sans cesse
techniques et finances.

« Je suis cadette des filles,
conservatrice des grains,
des plantoirs, des faucilles,
des richesses de demain :
ces grains de blés en main
doivent fructifier au mieux ;
vous ne pouvez faire moins
pour honorer ce dieu. »

Elle acheta des plaines (et)
détourna des rivières,
irriguant, amendant (ses)
parcelles céréalières.
Hélas, en 2 années
de mauvaises conditions,
la crise en eut raison
et l’affaire fut coulée.

(…)

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2014 – Villeurbanne, France

Trois beaux brins de filles – 3/4

Cet article est le numéro 4 de 5 articles dans la serie Trois beaux brins de filles

(…)

-3-

La plus jeune des sœurs
ne voulut rien garder
de sa mère de concret
pour laisser en son cœur
sa pensée bien vivante.

En alpages, elle allait
de sa main caresser
les prairies verdoyantes,
suivre les animaux,
s’y nourrir et jouer,
buvant dans les ruisseaux
l’eau claire et préservée.

A croiser des troupeaux,
elle trouva des bergers
avec qui partager
la douceur de sa peau.

« Jeunette, je ne suis fille
que du monde de demain,
tout autour de moi brille
l’astre dans l’or des foins.
Ces herbes dessous nos mains,
les étoiles et les cieux
sont hors de tout dessein,
alors prenons soin d’eux. »

Quand d’autres épuisés
en luttes fratricides,
quand d’autres étaient ruinés
gavés de pesticides,
Une femme plongée dans l’onde
de l’estive, libérée,
prenait grand soin d’un monde
protégé et partagé.

(…)

« Trois beaux brins de filles » de Laurent QUIQUEREZ est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons CC-BY-NC-SA 4.0. En savoir plus sur les (nombreux) droits et les (quelques) devoirs.

2014 – Villeurbanne, France

Trois beaux brins de filles – 4/4

Cet article est le numéro 5 de 5 articles dans la serie Trois beaux brins de filles

(…)

-4-

Quand il ne resta rien
qu’estive et pâturages
quand tous furent bien contraints
de fuir là le naufrage,
la fille la plus sage
leur fit un peu de place,
imposant son partage
des temps et des espaces.

Les gueux firent des bergers
soumis à leur milieu,
déjà habitués
à vivre de bien peu ;
S’étant sentis avant
frêles et vulnérables,
ils veillent bêtes et enfants,
et deviennent vénérables.

Les prêtres, les ingénieurs
eurent du mal à quitter
le gâchis effréné,
de leurs vies antérieures.
Ils se plaignent tout le temps
pleurant sur leur misère,
mais ne savent rien faire
dans cet environnement.

Heureusement que leurs mômes
vivant de chaque instant,
prélèvent le minimum
des besoins du moment.
Ces beaux enfants, dans l’onde
de l’herbe à gambader,
se glissant dans un monde
aimé et respecté.

« Trois beaux brins de filles » de Laurent QUIQUEREZ est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons CC-BY-NC-SA 4.0. En savoir plus sur les (nombreux) droits et les (quelques) devoirs.

2014 – Villeurbanne, France

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CC-BY-NC-ND
« Three Girls, Three Smiles! » by Prato via Flickr

Fichier texte éditable : Poesie_3BeauxBrinsDeFille_LQ_txt2.odt
Fichier PDF : Poesie_3BeauxBrinsDeFille_LQ_Megrim2.pdf